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  • Michel Djombo

L'absence d'aide et l'inorganisation des producteurs plombent la filière ponte

S'il est une filière dans les domaines agricole ou d'élevage qui tire son épingle du jeu c'est bien la filière avicole, plus précisément celle qui produit des œufs de consommation. En effet les éleveurs congolais arrivent malgré la forte concurrence des importations et le coût exorbitant des intrants à produire plusieurs dizaines de millions d'œufs par an (entre 60 et 80 millions selon les sources).



Nos éleveurs se sont tellement bien développés ces dernières années, à l'instar de La Poule Qui Rit, de la Poule Aux Oeufs d'Or ou de Pidoul près de Pointe-Noire, qu'ils ont attiré l'intérêt d'importateurs qui ont flairé le bon filon et se sont mis à importer massivement des œufs à des prix défiant toute concurrence. Ces commerçants ne respectant pas toujours les règles douanières et fiscales arrivent à obtenir des prix de revient de l'œuf autour de 50 Francs CFA contre 60 à 80 Francs CFA pour nos producteurs locaux. Quels problèmes cela pose dans un pays où on se plaint de la vie chère? Et bien, ces œufs sont tout simplement impropres à la consommation dans la plupart des cas car non datés ils arrivent souvent avariés après de longs trajets dans des conteneurs frigorifiques pas toujours en état de marche. Ils ne portent souvent pas de trace de leur origine. De plus, cela constitue une concurrence déloyale envers les locaux, qui eux créent des emplois et s'acquittent de leurs taxes. Un éleveur, aussi important soit il, même s'il voulait être malhonnête avec les services de l'Etat ne fait pas le poids face à des importateurs qui pèsent plusieurs dizaines de milliards de Francs CFA. La balance de la corruption pèse en sa défaveur, il n'a de choix logique que de respecter les règles et tenter d'obtenir l'appui des pouvoirs publics pour redresser la situation.


C'est une situation pas facile car comment les autorités du commerce pourraient se permettent de limiter des importations qui ont pour effet collatéral de maintenir des prix bas? Mais c'est une vision court terme que de ne penser qu'au prix. Certes il faut amener les producteurs à pratiquer les prix imposés par les importations mais tout en leur permettant de réaliser des marges adéquates. L'Etat doit agir et investir pour permettre à la filière ponte de devenir compétitive face aux importations. Il faut faire baisser le prix des intrants grâce à une politique de subvention et investir dans des infrastructures de stockage de céréales, matières premières de base de la filière. Il faudrait également faciliter l'augmentation des capacités des producteurs à travers la mise en place de solution de financement, un fonds de garantie bancaire et des prêts avec délai de grâce de 3 ans par exemple. Ceci leur permettrait de croitre plus vite que ne leur permettent leurs fonds propres et ainsi de réaliser des économies d'échelle.


Les producteurs de céréales, les minoteries et les éleveurs devraient s'organiser et mieux fédérer leurs efforts pour que les premiers puissent de façon pérenne satisfaire aux besoins des seconds. Les éleveurs eux-mêmes devraient s'organiser, se concerter pour faire du lobbying auprès de l'Etat. Aucune organisation aujourd'hui n'est capable de défendre ses intérêts ni même simplement de communiquer sur les données de production de la filière. L'Etat reste donc frileux lorsqu'on évoque la nécessité de freiner les importations.


Nos agriculteurs et éleveurs sont des héros car il entreprennent contre vents et marées, il est temps que l'Etat leur tende la main de façon durable et efficace. En période de crise, nous craignons que cet appel ne soit pas suivi d'effet malheureusement et que la filière périclite et laisse la voie libre aux importations. Nous aurons dans ce cas perdu une occasion de plus d'être autosuffisant alimentairement.

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