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  • Michel Djombo

Comment baisser le prix des intrants au Congo?


Au nombre des défis auxquels font face les agriculteurs congolais il y a le coût élevé des intrants (engrais, semences, produits phytosanitaires, ...) et des équipements agricoles. Cela contribue à rendre peu compétitive la production locale face aux importations. En effet, la cherté des intrants conduit les exploitants à ne pas en utiliser ou alors seulement à doses réduites. L'absence de machines agricoles limite les surfaces cultivées à quelques hectares par exploitant. Ces deux difficultés mises ensemble font que nous produisons peu, sur de petites surfaces et dans des conditions artisanales. Il nous faut en sortir.


Concentrons nous sur le prix des intrants, nous traiterons du vaste sujet de la mécanisation agricole dans un prochain article.


La disponibilité à prix abordable des intrants est un des facteurs clé permettant aux agricultures européenne ou américaine d'être aussi compétitives et d'inonder nos marchés. Il faut que les acteurs du secteur ainsi que les pouvoirs publics trouvent des solutions pour changer les choses en rendant les intrants largement disponibles.


Pourquoi les intrants sont si chers sur le marché congolais? Simplement parce que les quelques distributeurs de la place n'arrivent pas à écouler un volume assez important de produits pour pouvoir réaliser des économies d'échelle et faire baisser les prix. Un kilogramme d'engrais importés en conteneur n'a pas le même coût de revient que celui importé en vrac par bateau entier. Les distributeurs pourraient-ils écouler les 10.000 à 20.000 tonnes d'engrais contenues dans un vraquier? Leur réponse serait "non", la mienne serait "oui, si les conditions sont créées". Le marché existe, la demande n'est pas satisfaite.


Quel mécanisme mettre en place pour faire baisser les prix? Il faut trouver un moyen de garantir un volume aux distributeurs tout en permettant aux agriculteurs d'accéder aux financements. Pour cela un mécanisme existe déjà, le Fonds de Soutien à l'Agriculture (FSA). Cette structure au lieu de prêter de l'argent, qui n'est pas toujours utilisé par les emprunteurs à bon escient, pourrait régler directement les factures de l'achat d'intrants aux distributeurs.


Actuellement les emprunteurs soumettent une demande de financement au FSA, ceux qui reçoivent ces financements ne sont pas toujours les bons et ils les utilisent sans contrôle réel. Imaginons que le fonds au lieu de prêter de l'argent, donne des bons d'achats subventionnés aux demandeurs. Cela permettrait de décourager les rapaces et de garantir que l'aide arrive aux acteurs du secteur. Le FSA pourrait ainsi définir chaque année l'enveloppe qu'il dédiera aux intrants et par là même garantirait un volume aux distributeurs. Personne n'aurait interêt à garder sous son matelas ses bons d'achats comme on pourrait vouloir le faire avec de l'argent.


Pour que le système fonctionne il est primordial de mettre en place un système d'agrément des distributeurs par appel d'offre. Il ne faut pas créer de monopole dans la distribution en n'agréant qu'une seule société mais il faut s'assurer du sérieux de chacune.


La problématique de l'utilisation ou non des intrants n'est pas aussi simple que présentée dans ces quelques lignes mais la réduction des prix est une question déterminante. Reste que nombre d'agriculteurs doivent être formé à utiliser des intrants. J'ai le souvenir d'un agronome qui se méfiait d'un manioc chez son voisin qui avait reçu de l'engrais. Il avait des aprioris que seule la formation peu lever.


Un économiste me disait récemment qu'un système de bons d'achat ne ferait que créer un marché parallèle, un marché noir des bons en quelque sorte. Je dirais qu'il faut bien que nous cherchions des solutions et lancions la réflexion. Messieurs les experts et décideurs, nous ne sommes que des acteurs de terrain, la balle est dans votre camps.




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